vendredi 23 juillet 2010

Grimsey, aux frontières du réel...




Isa qui pêche un peu sur le quai...

S'il y avait un smelloscope vous sentiriez la présence des oiseaux!


Il aurait été possible pour Isa et moi, de ne faire de notre périple à Grimsey qu'une rapide expédition de quatre heures, comme le font la majorité des gens. Mais notre amour partagé des petites îles perdues nous a plutôt incité à y passer quatre jours, un excellent choix, avec le recul. L’île de Grimsey a des caractéristiques semblables à celles de l’île d’Entrée (aux Îles de la madeleine), avec ses 6km2 de superficie, ses cent habitants et ses colonies d’oiseaux marins. Petite communauté de pêcheurs à trois heures de ferry de la côte islandaise, cet endroit était parfait pour quelque jours de nordique «dolce farniente».

La majorité des gens qui visitent Grimsey le font dans un but précis, aller mettre les pieds au-delà de la ligne imaginaire de 66 degrés 33", qui marque le début du cercle polaire. À Grimsey, cette limite est simplement signifiée par un poteau indiquant à quelle distance on se trouve des grandes villes du monde. Je ne sais pas pourquoi cette ligne imaginaire m’attirait autant. En fait, déjà à Reykjavik, j’étais plus au nord que Kujjuaq, Iqualuit et Fairbanks (Alaska), j’avais le désir d’aller plus haut. En plus, aller à Grimsey est vraiment plus facile, et sûrement moins dispendieux que d’aller dans le nord du Québec ou du Canada. Ce n’est pas non plus un défi physique, je suis vraiment loin de marcher dans les pas de Bernard Voyer; il suffit de dix minutes de marche sur un chemin semi-asphalté pour s’y rendre. Malgré tout ça, l’attraction était persistante. J’étais excitée comme une enfant qui va à Walt Disney. C’est peut-être ça dans le fond, la rencontre du réel géographique et de l’imaginaire nordique, le désir d’être sur le lieu physique d’un point fictif officiellement désigné, qui fait appel à l’extrême, l’inaccessible, le mystère.

Je peux pas dire que j’étais surprise ou déçue, parce que je ne m’attendais pas à voir ni ours polaire ou faune arctique, d’iceberg ou même de toundra. Je ne m’attendais à rien, mais dans tout ce que j’ai pas imaginé, j’aurais jamais cru que le cercle polaire soit un champs de pissenlits. Ça, ça te tue un imaginaire assez vite merci. C’est pas que c’est laid, en tant que tel, de loin, l’image reste bucolique, mais des pissenlits, merde, ça pousse dans les craques de trottoirs à Montréal. D’un autre côté c’est bien, ça fait pas plus prétentieux qu’ailleurs, les pissenlits sont universels et n’arrêteront pas de pousser à 66 degrés 32" 59' pour contenter les voyageurs en quête de latitude.

Mon expérience à Grimsey n’est pas moins chouette pour autant, c’est une île magnifique, verte et jaune, avec des falaises impressionnantes et des pêcheurs sympathiques. Très calme, pas vraiment touristique. J’ai satisfait mon fantasme géographique et mon imaginaire ne s’en trouve pas trop amoché.

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