Hier soir, j’ai fini de lire L’avalée des avalées. Une suite d’événement ont fait que j’ai choisi d’apporter ce livre avec moi et je crois que je n’aurais pus trouver meilleur moment pour le lire. Ici, presque seule, avec ma colère à moi. Mais ici, presque seule, même complètement envoûtée par Bérénice Einberg, loin de mes repères et de ce qui m’emmerde, je n’ai rien pour harnacher ma colère à la sienne. Je dois la laisser se dissoudre et la faire couler avec le reste, dans mes artères. Le poison, à petite dose, ne me tuera pas.
J’ai rarement lu un livre avec autant d’attention, quel texte incroyable. Dans les deux dernières semaines, j’ai murmuré le nom de Bérénice Einberg plusieurs fois, à voix basse, pour le plaisir de l’entendre, et pour croire qu’elle existe un peu. Même l’écrire est agréable. Peut-être que je devrais appeler mon enfant Bérénice-Einberg Dupuis, juste pour pouvoir le prononcer plus souvent, sur tous les tons. Très cyniquement, je me dis que plus jeune, j’aurais dû lancer Le petit Prince par la fenêtre et y laisser entrer Bérénice. Je me demande bien ce qu’aurait dit mon père si j’avais peint sur la tasse que je lui ai offert, au lieu d’un petit bonhomme blond au regard vide, une petite fille laide au visage en colère empoignant un chamort. Qu’est-ce que je serais devenue si au lieu de me chercher un foutu renard à apprivoiser, je m’en étais fait un bouclier pour m’abriter moi aussi des mitraillettes?
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